Le marbre : histoire et symbolisme (1/2)

Considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus nobles et des plus élégants matériaux qui soient, le marbre a conquis les moindres recoins de la Bottega italique. Mais c’est incontestablement la France qui a fait de lui un véritable trésor. Et lui a conféré une symbolique toute particulière ; intrinsèquement liée à la puissance royale. Et par là même, au divin. Du reste, le poète Jean Cocteau considérait l’éminent matériau comme un véritable être vivant, presque mystique. Assurant même à son propos que « La vérité, c’est que le marbre possède une âme et que la vie qui anime ce que notre orgueil croit inanimé (parce que le rythme nous en échappe), fourmille de particules intenses dont le grouillement immobile émet les ondes charnelles qui m’accueillirent sur l’Acropole * ». Une citation qui fait du marbre non plus un simple matériau décoratif, mais bel et bien une entité à part entière. Et recoupe parfaitement la conception dévolue au marbre dans l’Histoire de l’Humanité

Un discours inspiré de sources antiques

En effet, le marbre acquiert dès l’Antiquité une aura très particulière. Certes, il n’est pas assimilé à une pierre précieuse à l’image du rubis, du saphir ou de l’améthyste. Mais à l’image des propos de Jean Cocteau ; les anciens grecs et romains en font une pierre revêtue d’une valeur sacrale, quasi divine. Son éclat une fois poli est tel que de nombreux auteurs de l’Antiquité (notamment Publius Papinius Statius) le désigne comme matériau de prédilection pour les palais des dieux du Panthéon. Ce qui explique que les plus grands personnages de ce temps en ourlent leurs propres demeures ou l’utilisent comme matière première de statues à leur effigie. S’élevant ainsi subtilement au rang de véritables dieux. Le grand Pline l’Ancien lui-même louera la magnificence du marbre, affirmant que même la mort ne saurait gâcher le plaisir de reposer en son sein. Ce qui justifie certainement selon l’historien les efforts déployés pour l’extraire, puis le modeler. Artifice architectural au service d’une puissance politique en construction

Et si le stratagème vient du fin fond des âges, il sera repris avec brio par un certain Louis XVI qui, à l’image des plus grands empereurs romains, fera du marbre l’un des nombreux instruments au service de sa puissance … Un sujet à retrouver très prochainement par ici.

*Propos rapporté in H. Carles, Marbre et décoration, Paris, 1942.

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